Ne nous leurrons pas : la végétation pousse vite, très vite, sous l'équateur. Entretenir son jardin pour éviter qu'il ne se transforme en jungle tropicale demande donc plus de transpiration au mètre carré qu'en Métropole. Et pour s'acquitter de cette tâche, deux outils de base s'avèrent incontournables : la débroussailleuse et la machette.
La débroussailleuse, parce que la tondeuse à gazon est inopérante ici. L'«herbe» est trop vite trop haute et, surtout, elle est extrêmement riche en silice, donc très dure. Sans compter avec la formidable capacité de colonisation d'une foultitude d'espèces indésirables (les mauvaises herbes locales) dont il faut couper impitoyablement l'élan.
La machette, c'est pour l'entretien des palmiers et bananiers et pour couper les branches (l'élagage régulier est nécessaire). Un investissement à la portée de toutes les bourses : environ 10 euros chez le "Chinois" du coin. Pour les bananiers, le nettoyage courant consiste à supprimer les feuilles desséchées, étayer les plants porteurs de fruits pour éviter qu'ils ne cassent sous leur poids, couper les régimes de bananes arrivés à maturité et tronçonner les pieds en fin de course (le bananier meurt après fructification). Rassurez-vous sur ce dernier point : les bananiers poussent très vite sous climat équatorial, et de jeunes plants grandissent constamment à l'ombre des plus grands. Une astuce pratiquée en Polynésie pour faire mûrir les bananes : suspendre le régime en hauteur et à l'abri des oiseaux au moyen d'une grosse ficelle (les crochets à hamac sont parfaits pour cet usage).
Ne pas négliger non plus le ramassage périodique des fruits du jardin, de préférence avant que les oiseaux ne s'y intéressent (c'est-à-dire verts, quitte à les faire mûrir à la maison), et évacuer ceux (nombreux) tombés à terre. Car la Guyane est un pays de cocagne ! Bon nombre de fruits tropicaux sont récoltables à domicile. Rien que dans notre jardin, par exemple, nous avons : 1 manguier, 1 cacaoyer, 1 papayer, 2 cocotiers et une multitude de bananiers, tous généreusement productifs...
Le rythme d'entretien classique est mensuel et, face à l'ampleur de la tâche, il est fréquent de faire appel à une équipe de professionnels (comptez 80 € par mois). Les entreprises de jardiniers-paysagistes déplacent sur les chantiers des équipes d'une demi-douzaine de personnes bien équipées qui travaillent en parallèle. Le jardin est rapidement nickel (dans notre cas, la remise en état du jardin - peu entretenu avant notre arrivée - n'a pris que quelques heures).
Bien entendu, une telle frénésie végétale dégage d'importantes quantités de déchets verts (chez nous : deux tas énormes de branchages, palmes, broussailles, fruits pourris, feuilles...) qu'il faut évacuer. C'est prévu ! La municipalité de Cayenne organise ainsi, deux fois par mois, des collectes de déchets verts qui fonctionnent comme pour les ordures ménagères. Un camion de collecte équipé d'une griffe passe selon un calendrier défini par quartier (par exemple, les 1er et 3e mercredi du mois) pour récupérer les tas entreposés le long des routes. Attention toutefois, à ne pas entasser ses déchets verts trop tôt sur le trottoir (idéalement, la veille ou l'avant-veille) : cela peut vous valoir un PV !